Un refuge pour des espèces uniques au monde

Un refuge pour des espèces uniques au monde

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Une légère brise souffle sur le sud sauvage de l’île, en ce samedi matin. La réserve naturelle du patrimoine arbore une palette resplendissante de couleurs estivales. Notre guide, Jean Claude Sevathian, est un botaniste bavard et amusant qui connaît la faune et la flore de l’île Maurice. Accessible à tous, cette nouvelle randonnée au cœur du parc national des Gorges de la Rivière Noire – une zone gérée par le National Parks and Conservation Services (NPCS) – est déjà l’une des expériences incontournables du domaine.

Suivez-nous à la découverte de la biosphère de Bel Ombre, l’une des forêts primaires les mieux protégées de l’île !

NOTRE AVENTURE AU CŒUR DE LA NATURE

Un 4×4 nous conduit à l’entrée de la réserve. Cette zone de transition vers la biosphère est, contre toute attente, peuplée de pins de Floride – une forêt secondaire (ou commerciale) plantée pour générer des emplois dans les années 1970.

Notre groupe traverse un petit pont pour atteindre la zone de conservation centrale et fait face à un paysage d’une grande beauté. Un ruisseau à l’ombre de la canopée évoque le passage du torrent de Paul et Virginie, et son claquement doux et rythmé le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles. Sur le chemin de « Bon Courage », un sentier autrefois utilisé par les chasseurs, Jean Claude nous fait découvrir avec enthousiasme de nombreuses espèces végétales endémiques comme la patte de lézard, les vacoas et le majestueux bois de natte. Nous nous arrêtons devant un ébénier bicentenaire, ébahis par sa splendeur, et nous l’entourons à tour de rôle de nos bras, sous le regard amusé de notre guide.

« Le saviez-vous ? Sur les 691 espèces végétales présentes à Maurice, 273 sont endémiques de l’île et 150 sont endémiques des Mascareignes. »

LES ESPÈCES ENDÉMIQUES DE L’ÎLE

Formée il y a 8 millions d’années par une série d’éruptions volcaniques sous-marines, l’île Maurice n’était pas exactement un paradis tropical à sa genèse. Les plantes et les animaux sont arrivés sur l’île de différentes manières. Si certaines espèces ont trouvé « activement » leur chemin en nageant ou en volant, d’autres se sont laissées porter par le vent ou se sont accrochées à des fragments de végétation flottante. Isolées du reste de leur famille, elles se sont adaptées à leur nouvel environnement à tel point qu’on parle aujourd’hui d’espèces « endémiques », puisqu’elles n’existent nulle part ailleurs.

LA BIOSPHÈRE, ZONE DE CONSERVATION ET DE RECHERCHE

Depuis les années 1970, une collaboration exceptionnelle entre le National Parks and Conservation Service, le Forestry Service, la Mauritian Wildlife Foundation et le secteur privé a permis de sauver de l’extinction plusieurs espèces d’oiseaux endémiques comme la crécerelle, le pigeon rose et la grande perruche d’écho. La biosphère de Bel Ombre protège activement ces oiseaux en leur fournissant des abris où ils peuvent couver et des mangeoires inaccessibles aux prédateurs.

« Mais notre objectif n’est pas de les rendre dépendants », précise Jean Claude. La phénologie forestière – c’est-à-dire l’étude des événements saisonniers tels que la floraison, la feuillaison et la fructification – permet aux chercheurs du site d’évaluer la disponibilité des ressources alimentaires naturellement accessibles, et de fermer les mangeoires lorsque les oiseaux peuvent, tant bien que mal, se débrouiller seuls !

La biosphère est donc sous surveillance permanente, mais l’équipe doit aussi régulièrement désherber les plantes invasives comme le goyavier à feuilles étroites. En effet, certaines plantes endémiques comme l’arbre à bœufs ou l’Hibiscus genevii sont actuellement en danger critique d’extinction – sans compter toutes celles que l’île a déjà perdues suite à l’invasion d’espèces exotiques ou à la surexploitation.

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